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Hurler contre le vent Louise Sébillet (Editions Novice)

Un grand merci à Babelio et à son opération masse critique ainsi qu’aux édition « Novice » qui m’ont permis de lire ce livre.

C’est un premier roman réussi que nous livre Louise Sébillet, lauréate du prix du roman non publié. Ce prix, délivré par l'éditeur "Novice" associé aux centres culturels Leclerc de Normandie, récompense des romans ignorés par les éditeurs traditionnels, et qui émergent grâce à des plateformes d’édition.(il existe aussi un prix polar non publié)

 

 

J’ai beaucoup aimé le cadre de ce récit, une île fictive dénommée Keljorden, entre la France et l’Irlande à quatre heures de bateau de la côte française. Les descriptions de l’auteur font état de murs à la chaux, de récifs, d’algues, du vent, de mouettes, d’arbres déracinés…la mer donc, tout ce que j’aime.

« Des colonies de sternes de Dougall, de sternes pierregarins et de fous de Bassan tournoyaient joyeusement autour de ces immenses rochers. »

Le ton du récit est à la fois naïf et mature, car c’est une petite fille de 10 ans qui raconte sa vie quotidienne, l’école avec cinq enfants, ses jeux et ses rencontres avec les copains et copines dans la cabane dans les arbres. Mais elle relate aussi les propos des îliens, grâce à ses oreilles qui traînent. Ils sont quatre-vingts adultes à l’année, avec leurs questionnements et leurs difficultés.

Elle s’étonne des ressentiments de certaines familles envers d’autres, elle apprivoise une « sorcière » honnie de toute la communauté.

Elle ignore les vacanciers qui viennent deux mois par an dans leurs résidences secondaires.

Obligée de retourner sur le continent pour faire une radio suite à une suspicion d’entorse, elle décrit ce continent qui l’effraie.  

Un événement tragique va détruire la relative quiétude du lieu et remettre en cause son existence même. L’auteur ne s’attache pas à l’événement en lui-même, ce qui est peut-être dommage, mais à ses conséquences.

Elle s’interroge et interroge le lecteur in fine, sur l’utilité de maintenir des services de l’état sur un îlot loin du continent desservi certes par un bateau, mais dont la population vieillie avec plus de besoins compliqués à satisfaire. « Je m’ennuyais à essayer de comprendre pourquoi on voulait fermer notre école, qui se cachait derrière ce « on », qui obtiendrait telle somme ou qui était de quel côté. »

Le récit raconté par cette petite fille, prend une autre dimension quand celle-ci, devenue adulte est interviewée sur ce qui s’est réellement passé sur l’île.

C’est un roman qui se lit facilement et vite, mais qui n’est pas palpitant au sens que ce n'est pas un thriller. On se laisse cependant bercer par le ton et les questions de cet enfant attachant, par cette histoire qui aurait pu être réelle (et qui l’a peut-être été) et par la houle générée par ces petites et grandes histoires d’îliens.

 

 

Commentaires

  • Je suis allée sur l'île de Sein en juillet et j'ai discuté avec des îliens qui y vivent à l'année depuis toujours, des pêcheurs. C'est une autre vie... Il y a un troquet, une épicerie, pas de voiture et ce dont on a besoin d'autre doit arriver par bateau. On y réfléchit à deux fois avant d'acheter, quel bonheur... mais il faut aimer la solitude et la vie avec toujours les mêmes personnes.

  • Et encore l’élection de sein n’est pas trop loin du continent et il y a une épicerie ! C’est une vie à part. Pour ma part je suis allée 3 jours à Hoedic il y a longtemps, l’été. J’ai trouvé un petit paradis mais c’était l’été

  • Ce roman a donc été une belle découverte ? Pour ma part, je ne suis pas tellement amatrice de récits à hauteur d'enfants mais je ne suis pas non plus totalement fermée à l'idée.

  • Oui j’ai aimé cette découverte. Oui c’est à hauteur d’enfant mais on a l’impression d’une adulte. Même si certains questionnements sont enfantins, c’est une manière d’interroger les adultes

  • C'est assez particulier de vivre sur un aussi petit espace. Je ne sais pas si j'aimerais, malgré la beauté de l'environnement. Les ragots tournent en boucle aussi ... pour avoir grandi à la campagne, dans un village, je sais que ça peut devenir vite étouffant.

  • Je ne pourrais jamais vivre dans un village ni une île. Cependant j’aimerais aller sur une île pendant 3 à 6 mois avec des livres. Pour ressentir les éléments, la solitude, …

  • Une découverte intéressante donc, un cadre sympa et réaliste et le récit d'une préadolescente qui réfléchit sur le monde qui l'entoure. Je ne connaissais pas l'éditeur, ni l'auteur bien entendu, les masses critiques de Babelio servent aussi à ça, découvrir.

  • Oui et l’avantage avec la masse critique c’est que l’on choisit son thème. Je n’ai pas été déçue même si ce n’est pas le livre du siècle. Merci Manou de ta visite

  • j'ai vécu deux mois quand j'étais enfant, à l'île de Sein mon oncle et ma tante y étaient instituteurs . De très bons souvenirs pour moi mais une enfant de 5 ans ne comprend pas qu'elle vit dans une île elel vit dans sa famille c'est tout. Je suis retournée à l'île de Sein mais je n'y ai rien reconnu

  • Changements dans quel sens ? Elle s’est vidée de des habitants qui s’éteignent petit à petit ou modifications des rues et aménagement s pour les touristes !
    En tous cas c’est bien que tu aies un bon souvenir.

  • Les questions que se pose la narratrice sont intéressantes : pourquoi faire perdurer les services publiques et jusqu'à quand ?
    Je ne savais pas qu"'il existait un prix du roman non publié.

  • Moi non plus je ne connaissais pas ce prix.
    Cette maison d’édition l’a lancé avec Leclerc et c’est bien.
    Je crois que ce questionnement est parfaitement compréhensible comme dans les campagnes d’ailleurs sauf que dans ce cas précis l’île est à 4 heures de bateau avec des aléas climatiques importants dans cette mer.

  • J'ignorais l'existence de ce prix, une initiative sympathique de cette maison d'édition indépendante, quoique liée à une grande enseigne, si j'ai bien compris ?
    En tout cas, comme d'autres l'ont déjà fait remarquer, le fait de vivre près de si peu d'habitants, dans un endroit où tout le monde se connaît, je trouverais cela aussi un peu oppressant - à moins d'une vraie vie de communauté.

  • Une vie de communauté pourquoi pas mais là, ce n’est pas le cas

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